La nouvelle version 11.5 d’Azimut35 (oct. 2024) indique à présent, en plus de la puissance planétaire obtenue par la hiérarchisation des planètes selon les critères de l’astrologie conditionaliste, la synergie planétaire de chaque planète. C’est une notion que j’ai forgée à la suite des recherches de Jean-Pierre Nicola sur les « fonctions de fonction » planétaires obtenues par la comparaison des diagrammes R.E.T. universel et individuel. Voici une première ébauche explicative.
Synergie planétaire : en Astrologie moderne (Astrologie conditionaliste®) la notion de synergie planétaire se rapproche de la notion traditionnelle des dignités et débilités planétaires (domicile, exaltation, chute, exil, trigonocratie), à ceci près qu’il ne s’agit pas ici d’une relation d’affinité, de contre-affinité entre planètes et Signes zodiacaux mais d’un rapport de concordance, d’adéquation ou d’inadéquation entre le rang d’une fonction planétaire défini par la hiérarchie individuelle des puissances planétaires et le rang que cette planète occupe dans la hiérarchie universelle. Le calcul de cette synergie planétaire s’appuie sur la comparaison des diagrammes R.E.T. (universel et individuel) et de la logique d’organisation des fonctions planétaires au sein de ces diagrammes.
Prenons un exemple : si Saturne est classée en 1re position dans la hiérarchie individuelle (ce qui n’est pas le cas dans le thème d’exemple de Carl Gustav Jung dans lequel Saturne occupe la troisième position de la hiérarchie planétaire), il occupera par conséquent la place ou le rang dévolu au Soleil dans la hiérarchie universelle (qui est immuable et vaut pour quiconque). Si Saturne était classé en 2e position, il occuperait donc la 2e place de la hiérarchie universelle, soit le rang dévolu à Vénus.
On évaluera la synergie d’une fonction planétaire par la compatibilité des formules R.E.T. en jeu. La fonction Saturne (tE : transcendance de l’Existence) dans l’illustration ci-dessus n’a pas de point commun avec la fonction Soleil (rR : représentation de la Représentation), les deux fonctions appartiennent respectivement à deux plans de perceptions ou de manifestation du réel éloignés l’un de l’autre. On en déduira que la synergie de la fonction Saturne en position solaire est faible. En effet, l’articulation entre un rôle Saturnien (distanciation, recul, recherche par-delà les apparences et les consensus) dans un cadre solaire (recherche de clarté, de rationalité, d’ordre, de reconnaissance sociale…) ne sera pas du tout évidente à trouver. Cet antagonisme de nature entre les deux fonctions planétaires, loin d’être un empêchement radical à exprimer sa nature saturnienne et dans la mesure où cet antagonisme est assumé, pourra être un levier existentiel important pour trouver les moyens, les ressources internes ou externes pour vivre au mieux la fonction saturnienne dans ce cadre solaire. Subjectivement parlant et de manière générale, la compréhension profonde d’un antagonisme de nature entre deux fonctions planétaires en jeu pourra, dans le meilleur des cas, déboucher sur une prise de conscience facilitant une plus grande acceptation des contradictions internes qu’il suppose. Quand un aspect contradictoire de la personnalité est assumé, il peut devenir moteur d’une transformation, d’un dépassement de ce qui faisait éventuellement obstacle à la libre expression des facultés en jeu
Les fonctions de fonction
On peut aussi comprendre le cadre (rang dans le diagramme universel) dans lequel s’exprime une planète comme une nouvelle fonction assignée à cette planète. Pour reprendre notre exemple d’un Saturne en position solaire, donc s’exprimant dans le cadre solaire, on peut tout à fait envisager que Saturne se verra assigné d’une tâche, d’une orientation (vocation ?) de type solaire. Jean-Pierre Nicola, le fondateur de l’Astrologie conditionaliste, parle à juste titre de « fonction de fonction » pour désigner ce type de relation où une fonction planétaire (ici Saturne) s’exprime dans le cadre d’une autre fonction planétaire (ici la fonction solaire). Il nous reste à comprendre quel est le rôle joué dans nos vies de ces « fonctions de fonction » que dévoile la comparaison des diagrammes R.E.T. universel et individuel. Il y a donc là tout un champ d’expérimentation possible ouvert à quiconque souhaitant parvenir à une meilleure compréhension de soi-même. Chacun étant amené à imaginer les différents scénarios possibles pour parvenir à dépasser ou assumer, donc intégrer dans son économie psychique, les enjeux que posent les « fonctions de fonction », autrement dit les « Synergies internes » planétaires.
Point important à mon sens : la synergie interne faible d’une planète peut devenir centrale dans la construction de la personnalité et son développement si les planètes concernées sont également en aspects dans le ciel de naissance. Un aspect harmonique pourra aider à trouver des leviers (internes ou externes) pour dépasser la problématique en jeu, un aspect dissonant au contraire accentuera la dramatisation de l’antagonisme de fait posé par la faiblesse de la synergie. Et il faudra dans ce cas analyser l’ensemble du thème pour apprécier à sa juste valeur l’état céleste de planète dont la synergie est faible.
Et dans le même ordre d’idée, se rappeler que le ciel n’est pas un carcan nous tenant enfermés dans un déterminisme absolu pur et dur, au même titre, soit dit en passant, que n’importe quelle technique astrologique ou orientation subjective sous-jacente (souvent inconsciente) de l’interprète (son idéologie, ses convictions, ses croyances, son obédience astrologique…) qui pourrait être tenté avec les meilleures intentions du monde de nous dicter, par projection de ses propres convictions, le sens de nos vies ou nous imposer sa propre compréhension du monde et de notre propre fonctionnement psychique. C’est pourquoi les ‘fonctions de fonction’ ouvrent une porte intéressante rendant possible une auto-analyse de soi-même afin de mieux appréhender ses propres déterminismes intérieurs susceptibles d’orienter son chemin de vie.
Pour rappel : L’Astrologie conditionaliste de nature conditionnelle, par définition, offre des concepts et des outils qui s’appuient sur une philosophie dont le centre de gravité est le respect de l’intégrité de la personne et de son libre-arbitre. Promoteur d’une astrologie existentialiste il me paraît bon de redire que rien n’est pour moi tracé d’avance (quoi qu’en disent les fatalistes) car notre route n’existe que par notre marche : Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant (Antonio Machado).
(Le 6 oct. 2024)